Cher Dr Alan,
je vous écris ces quelques lignes empreintes d'une certaine fièvre.
Cette nuit encore je me suis réveillée le corps moite de désirs.
Des envies étranges ont envahit mon esprit malade.
Des flashs mélangeant chairs, sangs et insectes rampants.
Quelques décharges orgasmiques ont transpercées mon ventre.
La vue de cet étalage morbide me laisse encore toute tremblante.
L'émotion me pousse à toucher mon intimité pendant que je vous écris ces mots.
Vous ne vous doutez pas de la volupté que cela me procure.
Je vous imagine lisant ma lettre.
Oh mon cher petit docteur, suis je perdue ?
Si vous saviez à quel point j'aimerai à cet instant vous sentir vous répandre entre mes cuisses moites.
Si vous saviez à quel point ces rêves m'inspire de vous possédez.
Sentir votre chair sous mes dents et votre sang dans ma gorge pendant que votre
sexe dressé déchire mes muqueuses.
Me nourrir uniquement de votre semence...
Oh Dr Alan j'ai tellement honte de moi.
Je viens d'écraser ma cigarette sur mon clitoris pour réfréner ce désir impure.
L'odeur de chair et de poils brûlées me rappelle à la raison.
Je ne sais plus quoi faire pour chasser ses pensées horribles de mon esprit.
J'ai tellement besoin de vous.
Sauvez moi.
Mz Lust.
Les paupières paralysées. Impossible d’ouvrir les yeux.
Le corps ne répond plus au ordre du cerveau. La panique
commence à me submerger.
Et si je ne pouvais plus jamais me réveiller, tout en
restant dans un état de conscience latente.
Prisonnière d’un corps étranger.
Le réveil est brutal et les membres sursautent. La bouteille
de whisky qui gisait sur le lit se fracasse sur le sol. Et merde il devait
rester quelques gorgées qui m’auraient bien apaisé.
Je me relève, les draps mouillés collent à ma peau. Mon
palais est craquelé, mes lèvres rugueuses. Un goût de charbon envahit ma bouche pâteuse.
Je sens des petites cloques sur ma langue, comme des petites
ventouses de calamar.
Boire et vite.
Le contact du sol froid sous mes pieds me donnent une
furieuse décharge. Une légère brume semble avoir habillée la pièce. Je
distingue mal la porte de ma chambre.
Je trébuche sur la bouteille de whisky et je chute
lamentablement sur le parquet.
Je décide de continuer le reste du trajet en rampant. La
brume est beaucoup moins épaisse ras du sol.
Ma main heurte la porte, je remonte à tâtons vers la
poignée. J’ouvre.
La brume est violement aspiré vers l’avant, me forçant à me
cramponner.
En quelques secondes le voile cotonneux est levé. J’aperçois
nettement les contours de mon salon. J’avance d’un pas décidé vers la cuisine,
traversant d’un trait le salon sans regarder autour de moi.
Allumer la lumière ? La veilleuse du réfrigérateur fera
l’affaire, je l’ouvre et scrute la pièce.
Rien…La voie est libre ! Les placards y passent un par
un, mais pas une bouteille.
Que des boites de conserves et des sachets de nourriture
déshydratée. Comme ci j’avais envie de me faire un bol de nouilles chinoises à
4h du matin.
Un long sifflement ébouriffe les poils de ma nuque. Je me retourne avec une certaine
appréhension, même si je me doute de ce qui va se trouver devant mes yeux.
Gaspard se tient immobile dans l’embrasure de la porte. A la
main une bouteille pleine de Four roses. Son regard semble me
dire « C’est çà que tu cherches ? ».
J’en salive d’avance et fais un geste vers la bouteille. Il
m’arrête d’une patte.
Je le regarde interloquée.
Gaspard se dirige vers le salon d’un pas nonchalant. Satané
ours il va me faire tourner en bourrique. Je le suis.
Dans un coin du salon mon chat chasse une mygale à trois
pattes. A-t-il mangé les autres ?
Gaspard s’assoit sur le sofa et me dit «Raconte moi une
histoire. ».